CRÉATION (en projet)
Texte & collaboration artistique Penda Diouf & Kevin Rittberger
Mise en scène Anne Monfort
Collaboration artistique Laure Bachelier-Mazon
Administration & production Yohan Rantswiler
Production & diffusion Les Productions de la Seine - Florence Francisco & Gabrielle Baille
Relations presse Olivier Saksik - Elektronlibre
Production day-for-night
Coproduction partenariats envisagés en France et en Allemagne (en discussion notamment avec le Kunstfest de Weimar).
BLACKOUT WHITE NOISE
Pendant l’occupation de la Rhénanie en 1923, un secrétaire perd son travail. C’est une secrétaire qui reprend son poste. Elle hésite à adresser la parole à un soldat des troupes coloniales françaises qui monte la garde devant la fenêtre de son bureau. Aujourd’hui, l’arrière-petite-fille du soldat vit en Allemagne, et lutte pour parler à son grand-père dans un EHPAD. Ces quatre voix, venues d’Afrique et d’Europe se mêlent et se répondent, fantômes du passé s’entrelaçant avec le présent.
Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. Antonio Gramsci
A la lecture de Blackout white noise, j’ai été particulièrement émue par le projet et par les personnages que proposent Penda et Kevin - des êtres qui échappent au déterminisme, n’obéissent pas à ce que l’histoire telle qu’on nous l’a appris pourrait leur imposer. Il y a dans cette écriture une force de résistance aux simplifications narratives- non, un secrétaire qui perd son emploi dans les années 20 ne se jette pas forcément dans les bras du parti nazi, oui, un « soldat colonial » et une femme allemande peuvent se rencontrer, au-delà des questions de vainqueur et vaincu, et de couleur de peau.
J’avais travaillé Cassandre de Kevin Rittberger lors d’un chantier à Théâtre Ouvert en 2019 avec un groupe de quatorze élèves de l’ESAD (École Supérieur d’Art Dramatique de Paris). Nous avions été frappés par la dimension chorale de cette écriture, avions aimé lui donner une dimension picturale, et travaillé avec plaisir la sensation que plusieurs genres, plusieurs pièces en quelque sorte existent dans la pièce.
C’est aussi le cas de Blackout white noise, qui circule dans les espaces et les temporalités, des années 20 à aujourd’hui, de l’Europe à l’Afrique, créant des dimensions hallucinatoires et sensibles.
J’imagine un dispositif où les quatre personnages continueraient à exister et à construire des images, des figures, tout au long du spectacle. La dimension monologale de la pièce est comme une trouée dans la pensée de chaque personnage, une entrée dans son esprit, qui n’est en quelque sorte que la partie émergée d’une scénographie visuelle. On y travaillera comme dans les structures du rêve, où la parole n’est qu’une partie de la narration. Les passages notamment où le soldat prend la parole, grandes fresques de l’enfance africaine ou d’une guerre terrible et fascinante, feront l’objet de passages très visuels, proches du fantastique. En contraste, les prises de parole de la petite fille, seront très concrètes, brisant le quatrième mur, et impliquant directement le public.
Le chœur réunira les quatre acteurs.rices et travaillera lui aussi sur deux plans, de façon musicale et aussi en apportant une dimension très concrète, de commentaire. Pour ce, nous travaillerons sur différents registres de jeu : une dimension musicale et spoken words, et par contraste, des prises de parole très concrètes, entre acteur et personnage.
Nous chercherons ainsi à la fois à interpeler le public, tout en le plongeant dans une atmosphère où les frontières du réel et de l’imaginaire se brouillent.
Anne Monfort
© Cassandre de Kevin Rittberger, mise en scène Anne Monfort à Théâtre Ouvert en 2019 dans le cadre d’une Ecole Pratique des Auteurs de Théâtre